vendredi 1 mai 2015

Il y a 70 ans Hitler se suicide - Pourquoi ?



 

 
Michel Garroté  --  Pourquoi Hitler a-t-il choisi le suicide, et, non pas, une autre façon, plus héroïque, de mourir ? Récemment, dans Foreign Policy, Benjamin Soloway (voir liens vers sources en bas de page) se demandait si l’exécution de Mussolini avait influencé la décision d'Adolf Hitler de se suicider et de faire brûler son corps dans les derniers jours de la Seconde Guerre mondiale.

De son côté, l'historien Hugh Trevor-Roper affirme dans son ouvrage « The Last Days of Hitler » qu'il est peu probable que ce qu'il décrit comme une décision déjà ferme de Hitler ait eu besoin d'être renforcée par les informations - sur l’exécution de Mussolini - en provenance d’Italie (voir également le récent livre de David Kertzer intitulé « The Pope and Mussolini »).

Personnellement, je ne suis qu’à moitié convaincu par les arguments de Benjamin Soloway et de Hugh Trevor-Roper. J’y reviens plus en détail en fin d’article. Mais voyons d’abord le raisonnement de Benjamin Soloway.

Les arguments de Benjamin Soloway

Dans Foreign Policy, Benjamin Soloway ajoute (voir liens vers sources en bas de page) : la nouvelle de la mort publique et humiliante de Mussolini est arrivée à Hitler le 29 avril 1945, dans son Führerbunker sous Berlin, où il était retranché depuis deux semaines alors que les forces soviétiques approchaient de la capitale allemande.

Benjamin Soloway : « Cela ne m'arrivera jamais », déclare-t-il alors, selon le témoignage effectué au procès de Nuremberg par Hermann Goering en 1946. Le même jour, Hitler rédige son testament : « Je ne souhaite pas tomber dans les mains d'un ennemi qui a besoin d'un nouveau spectacle, présenté par les Juifs, pour le divertissement des masses hystériques », écrit Hitler.

Benjamin Soloway : Le 30 avril, Hitler fait ses adieux à son premier cercle, dont les hauts dirigeants Martin Bormann et Joseph Goebbels, son ministre de la propagande. Alors que les Russes sont pratiquement à sa porte, il se suicide en compagnie de sa compagne Eva Braun, qu'il vient juste d'épouser. Leurs corps sont brûlés. Le 1er mai, veille de la prise du bunker par les Soviétiques, Goebbels et sa femme tuent leurs six enfants avant de se suicider.

Benjamin Soloway : En s'assurant que son corps soit détruit, Hitler a d'une certaine façon aidé les Alliés dans leur effort pour éviter qu'une trace matérielle du Führer ne devienne un objet de culte ou de pèlerinage pour les fascistes à venir. L'histoire a tourné différemment dans le cas de Mussolini: il a été enterré dans une tombe anonyme, mais des fascistes parmi les plus radicaux ont plus tard exhumé son corps et l'ont caché dans plusieurs endroits, avant que le gouvernement italien n'autorise son inhumation dans la crypte familiale.

Benjamin Soloway : En 1945, la mort de Mussolini a été largement célébrée par les Alliés comme preuve de l'imminente conclusion de la guerre sur le front européen, atteinte le 8 mai, moins de deux semaines plus tard : « La mort pitoyable de Benito Mussolini constitue la conclusion appropriée d'une vie pitoyable », se réjouit alors le New York Times.

Benjamin Soloway : « Fusillé par un peloton d'exécution en compagnie de sa maîtresse et d'une poignée de dirigeants fascistes, le premier des dictateurs fascistes, l'homme qui s'est un jour vanté qu'il allait restaurer la grandeur de la Rome antique, n'est plus qu'un cadavre sur une place milanaise, où une foule hurlante frappe son corps, le maudit, lui crache dessus » (fin des extraits de l’article de Benjamin Soloway paru dans Foreign Policy ; voir liens vers sources en bas de page).

Je ne suis qu’à moitié convaincu

J’ai écrit plus haut que personnellement, je ne suis qu’à moitié convaincu par les arguments de Benjamin Soloway et de Hugh Trevor-Roper. Dans son testament, Hitler écrit, peu avant de se suicider : « Je ne souhaite pas tomber dans les mains d'un ennemi qui a besoin d'un nouveau spectacle, présenté par les Juifs, pour le divertissement des masses hystériques ».

Dans cette formule testamentaire, Hitler donne l’impression d’avoir peur d’être tourné en ridicule. Il parle de « spectacle ». Il n’écrit pas qu’il a peur d’être lynché. Il écrit qu’il a peur d’être le clou d’un spectacle qui le tournerait en dérision. Il est, encore et toujours, obsédé par les Juifs, puisqu’il écrit « spectacle, présenté par les Juifs ».

Hitler n’a pas envisagé de mener, jusqu’à la mort, son ultime combat. Il n’a pas décidé de sortir de son bunker, avec ses plus proches lieutenants, pour affronter les soldats, alliés ou soviétiques, en hurlant, une dernière fois, tel ou tel slogan hitlérien.

Hitler n’a pas non plus décidé de disparaître de la circulation, de se faire exfiltrer, sous une fausse identité, profitant de l’immense chaos qui régnait à l’époque. Il aurait pu le faire comme d’autres nazis l’ont fait, se cachant en Amérique du Sud ou dans le monde arabe.

Hitler, le Führer, le Guide du Troisième Empire allemand, le maître absolu de l’Europe nazie, Hitler l’immortel selon le slogan « Hitler pour mille ans », cet homme qui se prenait pour un demi-dieu et qui déclara la guerre au monde entier, ce grand criminel à la fois auteur et acteur génocidaire, s’est terré comme un rat dans un bunker, il s’y est suicidé, et, il a demandé à ce que son corps y soit brûlé, à ce que son cadavre y soit soumis à la crémation, lui, l’inventeur des fours crématoires.

Parce qu’il avait simplement peur d’être le clou d’un spectacle qui le tournerait en dérision ? Benjamin Soloway, dans Foreign Policy, n’a pas la réponse à cette question. Et moi non plus, je n’ai pas la réponse à cette question.

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Sources :


   
   

1 commentaire:

  1. Je n'ai jamais cru a son suicide. pour Hitler a termine ces jours en URSS.

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