mardi 7 avril 2015

L’Iran c’est comme la Corée du Nord - On ne doit pas lui faire confiance



 

 
Daniel Henninger pour le Wall Street Journal  --  Un texte a été adopté à Lausanne, le 3 avril 2015, par le Groupe des 5 + 1 et l'Iran. C'est un bouclier qui garantit à Téhéran la poursuite de son programme dans l'immunité. L'exemple de la Corée du Nord (Note de Michel Garroté - Grande alliée nucléaire et balistique de l’Iran depuis des décennies) est particulièrement édifiant à cet égard. Les négociations nucléaires avec la Corée du Nord prouvent que le programme de l'Iran ne manquera pas de se poursuivre, qu'il y ait ou pas un accord. Si l'on se fie aux critères de bonne foi nucléaire de Barak Obama et de John Kerry, la Corée du Nord était un État modèle en 1992. En 1985, la Corée du Nord avait signé le Traité de non-prolifération des armes nucléaires. En 1992, et elle cosignait en compagnie de la Corée du Sud une déclaration conjointe proclamant la «dénucléarisation» de la péninsule coréenne. La Corée du Nord signa par la suite un accord de contrôle avec l'Agence internationale pour l'Énergie atomique (AIEA). Dans les mois qui suivirent, l'AIEA décelait des «irrégularités» dans le programme nucléaire de la Corée du Nord.

Ce qui suit est un résumé des négociations poursuivies pendant un quart de siècle avec la Corée du Nord. Il est basé sur la chronologie reconstituée par l'Association pour le Contrôle des Armements. Ce qui va se produire à Lausanne ne marchera pas. Aucun accord ne stoppera l'Iran. Des accords successifs, et des négociations en série, n'ont pas stoppé la Corée du Nord. Après des négociations avec la Corée du Nord, et suite à des rapports de la CIA révélant que ce pays avait séparé assez de plutonium pour une ou deux armes nucléaires,-les États-Unis et la Corée du Nord signèrent en 1994 un Accord-Cadre à Genève. Comme la Corée du Nord promettait de renoncer à ses capacités de production d'armes nucléaires, l'Accord-Cadre a été célébré comme un succès diplomatique majeur de la présidence Clinton.

En 1996-97, les États-Unis négociaient avec la Corée du Nord sur la prolifération des missiles balistiques. Le 31 août 1998, la Corée du Nord lança le missile Taepo Dong-1 d'une portée d'environ 1.200 miles (2.000 km). Le missile survola le Japon. Les Renseignements américains admirent qu'ils avaient été « surpris » par le troisième étage du vecteur balistique Paekdosan-1. Néanmoins, des négociations s'ouvrirent en décembre sur un cas de suspicion d'usine nucléaire souterraine. Une équipe d'inspecteurs américaine se rendit sur le site de l'usine à Kumchang-ni et ne constata aucune violation de l'accord-cadre.

En 2000, l'administration Clinton interrompit les sanctions économiques. Kim Jong II affirma à la secrétaire d'État Madeleine Albright en visite qu'il ne ferait plus de tests du missile à longue portée Taepo Dong-1. Le septième cycle de négociations sur les missiles se tint en Malaisie. En 2001, le nouveau président américain George W Bush s'engagea à ouvrir des négociations « sur le fond ». En octobre 2002, les États-Unis déclaraient que la Corée du Nord admettait l'existence d'un programme secret d'enrichissement militaire de l'uranium. Le responsable du département d'État, Richard Boucher, le qualifia de «sérieuse violation» de l'Accord-Cadre.

La Corée du Nord interdit alors tout accès de l'AIEA à ses installations nucléaires, quitta le Traité de non-prolifération et relança un réacteur nucléaire. Les négociations reprirent à Pékin en avril 2003. La Corée du Nord déclara qu'elle possédait des armes nucléaires mais qu'elle démantèlerait ses «installations nucléaires» en contrepartie de pétrole et de nourriture. En février 2005, le ministre des affaires étrangères de la Corée du Nord déclara à nouveau que son pays avait produit des armes nucléaires. Quelques mois plus tard, les Coréens affirmèrent qu'ils étaient prêts à abandonner «toute arme nucléaire» et à rejoindre le Traité de non-prolifération. Un nouveau cycle de négociations commença.

Le 4 juillet 2006, la Corée du Nord tira sept missiles balistiques, dont l'un était nouveau, le missile à longue portée Taepo Dong-2. Le Département d'État qualifia ce lancement de « provocation. » La résolution 1695 du Conseil de sécurité de l'ONU condamna les Coréens. En octobre, la Corée du Nord procéda à l'essai d'un engin nucléaire souterrain. Le Conseil de sécurité adopta la résolution 1718. Des négociations à six reprirent à Pékin. La Corée du Nord déclara qu'elle mettrait un terme à ses activités contre des livraisons massives de pétrole. Elle obtint le pétrole exigé. En mars 2007, les États-Unis donnèrent leur accord à une première demande de la Corée du Nord d'un dégel de 25 millions de dollars sur ses avoirs détenus par la banque Delta Asia à Macao. En 2008, le président Bush supprima la Corée du Nord de la liste des pays soutenant le terrorisme.

En janvier 2009, la Corée du Nord déclara que ses stocks de plutonium étaient « déjà militarisés. » Nous sommes à présent dans la présidence Obama. En avril, la Corée du Nord lança le missile à longue portée Unha-2, ce qui entraîna une condamnation du Conseil de sécurité. La Corée du Nord déclara qu'elle n'était  plus « liée » par les accords antérieurs. Le 25 mai 2009, la Corée du Nord procédait à un second essai nucléaire souterrain. Le Conseil de sécurité adoptait à l'unanimité la résolution 1874. Le Département d'État déclara que les États-Unis voulaient «des discussions bilatérales avec la Corée du Nord.» En novembre 2010, la Corée du Nord annonçait sa possession d'une usine d'enrichissement d'uranium dotée de 2000 centrifugeuses.

Au début 2012, l'administration Obama offrait de donner 240.000 tonnes de nourriture en contrepartie d'un dispositif «de contrôle strict.» À la fin de l'année, la Corée du Nord lançait un missile balistique de longue portée que le Conseil de sécurité condamna pour violation des Résolutions 1718 et 1874. Au début 2013, un groupe de contrôle détecta une activité ayant « toutes les caractéristiques d'une explosion » sur le site des essais nucléaires souterrains de la Corée du Nord. Le Conseil de sécurité adopta la Résolution 2094. En novembre dernier, le ministre des affaires étrangères russe Sergueï Lavrov déclara que la Corée du Nord était prête à reprendre les négociations à six.

Tous les membres du Sénat doivent lire les 81 pages de la chronologie. La Corée du Nord prouve, de façon irréfutable, que le modèle des «négociations» ne fonctionne pas s'il n'est pas associé à des actes crédibles de menace et de coercition. L'Iran sait que ses négociateurs nucléaires lui procurent l'immunité. La question n'est pas quand ou comment l'Iran violera un accord quelconque. L'Occident lui demandera platement -quoi d'autre?- davantage de négociations. Les programmes nucléaires et balistiques de l'Iran se poursuivront à l'image de la Corée du Nord, c'est l'évidence, quoi qu'on dise. Le prochain président des États-Unis devra inventer une alternative au modèle actuel de négociations nucléaires. Hillary ne le fera pas. Ce travail inévitable incombera à son opposition.

Reproduction autorisée avec mention :

Michel Garroté
 

Sources :

Titre original :  Why the Iran Deal IsIrrelevant

Auteur : Daniel Henninger.

Publication Wall Street Journal, avril 2015.

Traduction française : Jean-Pierre Bensimon.

Version française :

   
  

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